Le 2 décembre 2020, Julien Féral partait à la chasse au sanglier avec sa carabine Remington sept millimètres, portée un kilomètre. « Avec cette arme, l’animal ne souffre pas. Avec un fusil à plombs à courte portée, l’animal peut souffrir. On m’a conseillé de l’acheter, j’ai suivi ce conseil car je n’y connaissais rien. Cela faisait seulement six mois que cet Aveyronnais, aujourd’hui âgé de 35 ans, avait pris son permis, s’était mis à chasser sur les conseils de son beau-frère. “Pour me vider la tête, par rapport au décès de ma fille”, écrasée en 2018 à l’âge de 7 ans par un tracteur dont le chauffeur avait trop bu.
Il est 16h30. le 2 décembre 2020, il fait gris, le jour décline, mais la chasse qui rassemble une quinzaine de chasseurs se poursuit dans les champs de Cajarc et de Calvignac, dans le Lot. Plus tôt dans la journée, Julien Féral a raté un sanglier à quatre reprises, quatre échecs qui lui ont valu les moqueries de ses camarades. Une cinquième chance est offerte au novice qui a entre-temps été placé dans un autre champ, à l’orée d’un petit bois. « Je vois cette masse sombre monter dans le sous-bois, descendre un peu et s’arrêter. Je me dis : “Purée de pommes de terre, c’est le sanglier qui me manquait !” J’ai attendu quelques secondes. J’avais l’intention. J’ai tiré. À 80 mètres, Morgan Keane s’est effondré. La balle a traversé les poumons et le cœur.
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Ce jeune de 25 ans, que le chasseur a pris pour un sanglier, était un enfant du pays, né ici d’un père anglais et d’une mère alsacienne tombés amoureux des Causses du Quercy et installés dans une petite maison dominant le Lot. , isolés au coeur de ce petit bois qui leur appartenait aussi. La mère est décédée en 2016. Le père est décédé en 2019. Morgan est resté pour y vivre avec son petit frère, Rowan. Lorsque l’accident s’est produit, il se trouvait à quelques dizaines de mètres de la maison, il était sorti couper du bois pour l’hiver.
“C’est gravé dans ma tête pour la vie”
« Que vaut la vie de Morgan si rien ne change ? », a demandé Me Benoît Coussy, l’avocat de son frère, jeudi 17 novembre, sous les yeux de dizaines de proches de la victime venus remplir la salle d’audience de Cahors. Leur mobilisation au lendemain du drame – notamment la création du collectif Un jour, un chasseur – a eu un retentissement national et a déclenché une enquête sénatoriale sur les questions de sécurité, dont les conclusions ont été rendues en septembre. Il était prévisible que ce procès pour homicide serait celui de la chasse. Il vous reste 61,74% de cet article à lire. Ce qui suit est réservé aux abonnés.