C’est un élément nouveau qui assombrit le profil de l’un des opérateurs du centre opérationnel régional de surveillance et de secours (Cross) du Gris-Nez. Les révélations de ces derniers jours par nos confrères du Monde et du Canard Enchaîné ont bouleversé l’action d’aide française le 24 novembre 2021, lorsque 27 migrants ont été tués, candidats à la traversée de la Manche vers les côtes britanniques. A tel point que le ministre d’Etat à la Mer, Hervé Berville, s’est dit ouvert à des sanctions si les faits sont avérés. Selon les informations recueillies par Europe 1, l’un des opérateurs, un second capitaine de la Marine nationale, 21 ans aujourd’hui, est ciblé par les services de renseignement depuis plusieurs années sous l’islam radical. Son intérêt pour les services remonte à 2015, alors qu’elle était une très jeune adolescente. Comme l’ont signalé les services de sécurité intérieure, elle faisait alors l’objet d’une surveillance par le Service central de renseignement territorial (SCRT) du Nord pour sa proximité avec l’islamisme.

Enquêtes de la Direction du renseignement

Pendant plusieurs mois, elle sera suivie par ces agents qui l’inscrivent au fichier de traitement des rapports de prévention de la radicalisation terroriste (FSPRT). Son dossier sera clôturé en avril 2019, “la conversion des mineurs aujourd’hui relève davantage d’un fantasme d’adolescente”, selon les termes utilisés à l’époque pour justifier la clôture de son dossier. Pourtant, son nom reste au dossier pendant 5 ans, comme la loi l’exige pour toutes les personnes qui se sont radicalisées mais dont l’état ne nécessite plus de surveillance. Dans ces circonstances, il rejoint la marine française. En l’engageant, la Direction de la sécurité du renseignement et de la défense (DRSD) se pencherait apparemment sur son cas, en relation avec son parcours. Au terme de deux enquêtes, l’une à son arrivée à l’école et l’autre à son départ, le service de renseignement intérieur des armées a émis un avis d’habilitation de défense nationale restrictif concernant son inscription, qui reste en vigueur même si son dossier est clos, au FSPRT . En revanche, le service considère qu’il n’y a pas d’obstacle à son recrutement. Lors de sa formation à l’école Maistrance de février à juillet 2020 à Brest, elle s’est spécialisée dans l’observation sémiotique. Il a ensuite été placé en décembre 2020 à la Croix Gris-Nez, sous la tutelle du ministère chargé de la mer, mais non plus directement géré par les armées.

Doit-il être embauché ?

Techniquement, le suivi des informations a été effectué correctement. Cependant, il y a la question d’être recruté par la marine française même si les services de renseignement intérieur connaissaient son passé. Depuis qu’elle est avec nous, son comportement est excellent, ses supérieurs ont remarqué qu’elle est bénévole. On peut apprécier qu’elle se remette sur les rails”, assure une source militaire qui avoue une “forme d’immaturité” dans sa personnalité. Depuis 2018, la Marine nationale a dû accélérer les volumes de recrutement pour répondre aux besoins opérationnels. Entre 2016 et 2022, il est passé de 2 600 à 4 000 embauches par an. Mais les conditions de la profession et le faible effort rémunérateur ne permettaient pas de retenir les nouvelles recrues. “Cela a entraîné une baisse de la qualité des recrues, ce qui est assez inquiétant”, conclut une autre source militaire.