Des militantes “Osez le féminisme” ont lancé une action en justice en octobre 2021, du côté du droit du travail, contre l’élection de Miss France, qu’elles jugent sexiste. Après une première audience en juin, qui n’a abouti à aucune décision car les conseils des prud’hommes n’ont pu s’entendre, les arguments des deux parties ont été à nouveau présentés vendredi lors d’une “audience de décision”.

Le modèle de contrat

“Osez le féminisme” affirme que les critères de participation à cette émission – diffusée cette année le 17 décembre sur TF1 – sont discriminatoires au regard du droit du travail car il impose aux candidats de mesurer au moins 1,70 m et d’être des “représentants de la beauté” . L’association s’interroge également sur la nature de la relation juridique entre les organisateurs et les candidats : depuis l’an dernier ils ont signé un contrat de travail avec la production de l’émission, en tant que “modèles”. Les militants estiment que cette convention devrait commencer non pas trois jours avant les élections, mais dès les élections régionales.

Célibataire et sans enfant

Devant les juges, la présidente de la société Miss France, Alexia Laroche-Joubert, a fait valoir que cette question ne relevait pas de sa compétence car elle n’était responsable que des élections nationales. Elle a également justifié le critère de taille imposé aux candidats en devant porter des “robes de créateurs” qui ne sont pas conçues pour les petites tailles. Après l’audience, Mme Laroche-Joubert a nié aux journalistes que le concours de Miss France pouvait être qualifié de “sexiste”. Les candidats ne sont donc plus tenus d’être célibataires et sans enfants, car “c’est leur vie personnelle”, a-t-il souligné.

“Censure” et “mandats irréalistes”

Ceux qui critiquent la concurrence “veulent être méprisés”, a-t-il déploré. « Ils n’ont pas besoin de se prononcer sur la moralité. Quand on pense qu’on peut décider des femmes, je trouve ça inacceptable, j’appelle ça de la censure”, a-t-il ajouté. Pour Fabienne El Khoury, l’une des représentantes d’”Osez le féminisme”, il faut au contraire “ouvrir un débat” sur l’élection de Miss France. « En 2022, peut-on encore mettre les femmes en concurrence avec des critères sexistes, avec des diktats et des mandats irréalistes ? La société ne veut plus de ça, ça devient du fromage”, a-t-il dit.