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L’ancien sénateur est décédé à la maison de soins palliatifs Saint-Raphaël à Montréal, entouré de ses proches, en raison de complications de santé.
« La perte de notre père est une épreuve terrible, mais savoir que son héritage artistique et humanitaire vivra dans le cœur des Québécois nous réconforte », a déclaré son fils Jean-Marie Lapointe, également bien connu du grand public.
En plus de son influence au cinéma et sur les planches, Jean Lapointe s’est fait connaître pour sa lutte contre l’alcoolisme, ayant souffert de cette même maladie.
Sa fondation, La Maison Jean Lapointe, a été créée en 1982 et célèbre cette année son 40e anniversaire. Jean Lapointe était présent à un événement pour cet anniversaire le 5 octobre dernier. La Maison Jean Lapointe a aidé des centaines de personnes à surmonter leur dépendance, que ce soit à l’alcool, aux drogues ou au jeu.
Karl Tremblay / Le Journal de Québec
« Notre père a toujours dit que sa plus grande fierté était toujours la Maison Jean Lapointe. Son décès nous attriste, mais nous savons qu’il restera l’âme de notre magasin », a déclaré Anne Elizabeth Lapointe, fille de M. Lapointe et directrice générale de la Maison Jean Lapointe.
Jean Lapointe laisse dans le deuil son épouse Mercédès, ses sept enfants Danielle, Michelle, Marie-Josée, Maryse, Jean-Marie, Catherine et Anne Elizabeth, ses deux petits-fils Olivier et Jean Auguste, et ses soeurs Huguette et Suzanne.
Sénateur pendant neuf ans, Jean Lapointe était un monument de la culture populaire québécoise, impliqué dans la communauté.
Jean Lapointe avait révélé en 2014 qu’il souffrait d’un cancer du poumon puis en 2017, on lui a diagnostiqué des nodules cancéreux au poumon droit. Il est peut-être temps pour moi de me reposer”, a-t-il confié au magazine Echos Vedettes.
Écoutez l’entrevue avec Jean-Marie Lapointe sur l’émission de Benoit Dutrizac diffusée en direct quotidiennement sur QUB radio :
Également humoriste et auteur-compositeur, Jean Lapointe, né le 6 décembre 1935 dans la commune de Price, dans la région du Bas-Saint-Laurent, a tout touché au cours de sa carrière, qui a débuté au début des années 1950 alors qu’il n’avait que 14 ans. Agé de.
Adolescent, Jean Lapointe participe à un concours amateur au CHRC, une radio québécoise, où il se fait déjà remarquer par des chansons et des mimes. Puis il découvre les cabarets sur les planches du Café Caprice à Montréal.
En 1955, la formation, avec Jérôme Lemay, du duo Les Jérolas, marque un jalon important dans sa carrière. Les Jérola font pleuvoir ou briller dans les cabarets montréalais, alternant sketchs et chansons. Leur première apparition à la télévision remonte à janvier 1956, à l’émission « Music Hall », animée par Michelle Tisseyre, à Radio-Canada.
Le duo de chanteurs comiques triomphe partout au Québec, mais aussi hors de nos frontières : ils apparaissent sur la glorieuse scène du « Ed Sullivan Show », aux États-Unis, en 1963, et à l’Olympia de Paris deux ans plus tard. Avec nous, il assure la première partie d’un concert de Charles Aznavour à la Place des Arts en 1968.
De l’héritage de Jérolas, qui compte une vingtaine de disques, on conservera, entre autres, les chansons “Méo Penché” et “Charlie Brown” et l’arrangement du hit d’Elvis “Love Me Tender”, qui a été réalisé en français” L “Aime moi aussi”.
En 2011, Jean Lapointe et Jérôme Lemay collaborent à nouveau pour quelques représentations du spectacle “Le grand retour des Jérolas”. Leur retour à Montréal au Théâtre Maisonneuve ne s’est cependant pas déroulé comme prévu : Jérôme Lemay s’était effondré sur scène à la fin du premier acte, victime d’une indisposition. Le spectacle a été annulé et Jérôme Lemay est décédé quelques jours plus tard, le 20 avril.
La séparation professionnelle de Jean Lapointe et Jérôme Lemay, qui marque la fin des Jérola, survient en 1974 (mais les deux amis se rencontrent à quelques reprises lors d’occasions particulières dans les décennies qui suivent). La route qui s’amorçait alors en solo pour Lapointe devait être remplie de succès.
Comédien, il s’impose rapidement au cinéma dans “La pomme, la queue et les pépins” (1974) de Claude Fournier, “Les Ordres” (1974) de Michel Brault, “L’eau chaud, l’eau frete”. (1976) d’André Forcier, « JA Martin photographe » (1977) de Jean Beaudin, et on se souviendra de l’inoubliable prestation de l’ancien premier ministre Maurice Duplessis, dans la série « Duplessis » de Mark Blanford, écrite par Denys Arcand, en 1978 .
Plus récemment, on a pu apprécier les talents de Jean Lapointe sur petit et grand écran dans “Les beaux malaises”, “A l’origine d’un cri”, “Pour toujours, les Canadiens”, “Le dernier tunnel”, “Les Immortels ” et ” La bouteille “.
En musique, Démaquillé (1976) est le premier album d’une longue série de projets et presque autant de spectacles, dont plusieurs à la Place des Arts, pour l’auteur-compositeur-interprète. Il a légué à notre patrimoine culturel des titres immortels tels que «Sing Your Song», «It’s in the Songs», «If We Were Singing Together», «You’re Juggling My Life» et «My Uncle Edmond». Il faisait partie des fêtes de la Saint-Jean-Baptiste au mont Royal en 1976.
Au milieu des années 1980, la France ouvre ses portes à Jean Lapointe. Il y séjourne pour de nombreux spectacles et actions promotionnelles, dont un passage de deux semaines à l’Olympia de Paris en 1985.
Au total, le site Internet de la Maison Jean Lapointe rapporte que l’artiste a produit une centaine de spectacles, dont il a donné plus de 15 000 spectacles au Québec et en Europe et enregistré 18 albums. Il a également joué dans vingt films et quinze séries.
Jean Lapointe n’a jamais caché ses difficultés avec l’alcool. Dès le début des années 1960, l’artiste lutte contre la poussée d’adrénaline que lui procure le skateboard et abuse de l’alcool. Le site Internet de la Maison Jean Lapointe indique que son fondateur a assisté à une première réunion des Alcooliques anonymes en 1962.
L’homme alterne alors périodes de sobriété et rechutes. L’addiction à l’alcool de Jean Lapointe n’est pas étrangère aux raisons qui ont mené à la fin de Jérolas. Au tournant des années 1970, ses excès avaient entraîné des conséquences importantes, notamment des bagarres, des arrestations et des hospitalisations.
En 1974, après un autre transfert, il entra au Beaver Center, un organisme qui offrait des soins contre l’alcoolisme, où il resta six semaines. Il restera ensuite sobre pour le reste de sa vie et utilisera sa notoriété pour aider les personnes aux prises avec des addictions.