La France entre dans l’hiver et les inquiétudes sur l’approvisionnement en électricité se confirment. Alors que de nombreuses centrales nucléaires restent fermées et que la consommation française est surveillée comme du lait sur le feu par les autorités, le gestionnaire de réseau a publié, ce vendredi, une mise à jour de ses prévisions pour les mois à venir. Le dirigeant s’inquiète de la situation attendue en janvier prochain, considérant le risque de tension dans le réseau “élevé”. Les retards accumulés par EDF dans le redémarrage des centrales jouent un rôle : “La disponibilité du parc nucléaire est aujourd’hui légèrement inférieure à la prévision centrale pour RTE début septembre”, note l’entreprise, qui met en avant sa responsabilité “des mouvements sociaux qui mettent un arrêt des opérations de rechargement durant le mois d’octobre ». En septembre et octobre, la CGT avait appelé les exploitants de centrales à s’arrêter pour ralentir les travaux de maintenance. Lire aussi Électricité : le patronat français veut changer le mécanisme européen de tarification En conséquence, la France disposera de 3 à 4 gigawatts de moins que les précédentes estimations de RTE. Ainsi, le groupe s’attend à ce que la disponibilité du parc nucléaire atteigne “40 GW début janvier”. Ce qui conduit à “une vigilance accrue pour la sécurité d’approvisionnement durant le mois de janvier”. Début 2023, “les réductions de consommation anticipées, notamment dans le secteur industriel, ne sont pas susceptibles de compenser la baisse prévisible de la production nucléaire”, note le rapport. De nombreux signaux rouges Ecowatt pourraient donc être lancés en janvier pour demander aux consommateurs de faire des efforts, mais ceux-ci dépendront “en grande partie des conditions climatiques et de l’éventuelle survenue d’un coup de froid même modéré”. Rappelons qu’un signal Ecowatt rouge est envoyé la veille d’un risque “délestage”, lorsque RTE s’attend à ce qu’il n’y ait pas assez d’électricité pour tout le monde. Dans ce cas, elle demande à Enedis de préparer une coupure de deux heures et tour à tour des parties du réseau électrique représentant environ 200.000 foyers. Une situation qui peut être évitée si, en recevant la notification sur le web ou dans l’application Ecowatt, les particuliers et les entreprises réduisent significativement leur consommation.

Risque réduit grâce à une consommation réduite

Cependant, la situation aurait pu être pire. La baisse de la consommation d’électricité se confirme en effet chaque semaine : dans sa dernière publication, le directeur précise que “la consommation d’électricité en France corrigée des effets climatiques et calendaires est en baisse par rapport aux années précédentes”, de 5,4 % la semaine dernière. et 6,6 % au cours du mois qui vient de s’achever. Une situation qui s’explique principalement par la baisse importante de la consommation de la grande industrie, par rapport aux années précédentes. “Un impact à la baisse se fait également sentir dans le secteur résidentiel (et dans une moindre mesure dans le secteur tertiaire) mais devrait se confirmer dans les prochaines semaines avec la baisse des températures”, indique l’entreprise. Les efforts de sobriété des ménages jouent également un rôle. Le réseau sera donc sous tension, mais « les situations extrêmes […] ne sont pas les plus probables », et « en aucun cas la France ne court le risque d’un black-out, c’est-à-dire d’une perte totale de contrôle du système électrique », rassure RTE. Le gestionnaire note également que les prix à terme de l’électricité restent élevés, incorporant une “prime de risque excessive”. En attendant, le réseau gazier n’est pas actuellement une préoccupation pour RTE, qui souligne que les réserves sont pleines. Même remarque rassurante concernant le système hydraulique qui, malgré l’été sec, a trouvé des réserves “dans la moyenne des années précédentes”. Les Français sont donc appelés à être vigilants pour passer la période de janvier. Dès la fin février, les tensions devraient s’apaiser… jusqu’à l’hiver prochain. À VOIR AUSSI – Bruno Le Maire promet d’aider les entreprises à “réduire” les factures de gaz et d’électricité