Le matin du 17 novembre, il est apparu sur son site Sortie un forum intitulé “La biodynamie, une agriculture au service de la Terre”signé par “Dimitra, marque de certification des produits de l’agriculture biodynamique”. Ce post a immédiatement suscité beaucoup de réactions de la part des lecteurs, surpris que cette pratique controversée soit ainsi mise en lumière, sans que des faits critiques soient présentés au lecteur… et qu’il ait été laissé à un organisme de certification biodynamique de régler le problème. L’examen du texte de Dimitra révèle également qu’il s’agit essentiellement d’une collection de paragraphes (à peine édités) de diverses pages du site Web de l’organisation. Par conséquent, au lieu d’un forum, le texte apparaît principalement comme un pur texte publicitaire.

“Discussions sur la nature et l’écologie”

Dans Sortiepublier des articles avec le tag “marcher” elle suit généralement un processus éditorial (sélection, validation, contextualisation), assuré par la rubrique Idées de la revue, publiée dans la rubrique éponyme. Bien que présenté comme un “marcher” sur le site, cette fête biodynamique s’est frayé un chemin par un tout autre chemin : celui de la rubrique Forum et Evénements, dédiée à divers événements tels que Libre est un partenaire. “Depuis trois ans, Libération a noué un partenariat avec le festival Agir pour le vivant, organisé par les éditions Actes Sud, qui se déroule chaque année à Arles au mois d’août.” explique Fabrice Drouzy, rédacteur en chef adjoint en charge des hors-séries et suppléments du journal. » Au cours de cet événement qui, selon ses concepteurs, « vise à organiser un programme de réflexion et d’expérimentation territoriale au long cours afin de repenser la manière dont tous les êtres vivants s’assemblent et dont nous habitons le monde aujourd’hui. hui”, intellectuels, scientifiques et acteurs de la biodiversité échangent points de vue et analyses sur le thème de la nature et de l’écologie. C’est dans ce contexte que Sortie met en ligne sur son site internet, dans un espace dédié, des revues, reportages et forums liés à l’événement. Dans le cadre de cette collaboration particulière, “Près d’une centaine de stands” ont déjà été publiés sur le site et deux cahiers centraux ont été publiés dans le journal. “Certaines sont signées par de grands noms que l’on retrouve régulièrement dans les pages du quotidien ou par des invités, poursuit Fabrice Drouzy. D’autres proviennent d’organismes, d’associations ou d’auteurs proposés par Agir pour le vivant, entre autres Sortie ne partage pas forcément les avis, mais qui semblent légitimes dans cet espace.

Dépostage rapide

En validant une tribune signée par Dimitra, le réalisateur considère que la vigilance du journal “est par défaut”. Dès lors, la plateforme proposée par les organisateurs d’Agir pour le vivant a été rapidement annulée par le site internet. Contacter de VérifierActualitésAlain Thuleau, directeur général de la Comuna, l’agence qui coordonne le festival en collaboration avec Actes Sud, signale également une erreur : “Nous devrions être beaucoup plus prudents. Agir pour le vivant est une plateforme d’échanges, de discussions et de projets qui tente d’aborder toutes les questions qui pourraient structurer, construire, une société vivante. Dans ce contexte nous avons eu un échange avec Dimitra, apparemment sans rapport avec leur histoire. Notre point d’entrée était la question de la biodynamie, le fait que des chercheurs comme Marc-André Selosse disent que même si ce n’est pas une démarche scientifique et que même si la biodynamie a une histoire sulfureuse, ça peut être quelque chose d’intéressant à regarder. Alors quand Dimitra a proposé de travailler avec Agir pour le vivant, nous étions ouverts. Mis à jour par VérifierActualités le fait que le fameux « stand » soit essentiellement un pêle-mêle de textes du site Demeter, Alain Thuleau convient que nous y sommes “Pour faire de la publicité”, et pleure “un raté”, parmi la centaine de textes diffusés dans le cadre de la collaboration avec Sortie. “Nous devons également faire attention à cela. Agir pour les Vivants n’est pas un outil promotionnel.

Pas d’intervention d’Actes Sud

L’ironie de l’histoire : les éditions Actes Sud, organisateurs du festival Agir pour la viet, sont dirigés (jusqu’à la fin de l’année) par Françoise Nyssen… qui avait été interrogée par Jean-Luc Mélenchon lors de sa nomination au ministère de la Culture en 2017, “Ses liens avec un mouvement sectaire”. Le leader révolutionnaire définit ainsi l’anthroposophie. Au coeur de la catégorie : l’école du “Domaine du possible”, fondée à Arles par Nyssen, dont la pédagogie est basée sur les ordres de l’occultiste Rudolf Steiner (dont le courant est au départ, l’anthroposophie, s’y retrouver à partir des livres de la classe à l’armoire à pharmacie, en passant par diverses activités proposées aux élèves, comme le révèle l’année suivante une enquête menée par Monde diplomatique). Après les disputes, Nyssen a expliqué ce qu’il avait fait « Une rupture nette avec cette école, dans laquelle [elle] fier d’avoir participé”. Interrogé à ce sujet, Alain Thuleau souhaite l’abréger et confirme que le texte n’a pas été proposé par Actes Sud : “Je suis catégorique. L’initiative de demander un message à Dimitra est celle de Comuna. Il ne devrait pas y avoir d’instrumentalisation possible de cela : poster ce forum est, généralement, négligent – de notre part, Sortie très. Négligence à ne pas vérifier le texte, par rapport à son aspect publicitaire, négligence à ne pas relire suffisamment attentivement ce qui nous a été envoyé et à en mesurer l’impact. L’impact au sein du partenariat avec Sortie, et aussi par rapport à l’histoire de Demeter, son lien très sulfureux avec Steiner… On a fait très vite, c’est évident.

“Dériver avec des personnes vulnérables”

Nous vous rappelons que la biodynamie repose sur les bases posées en 1924 par l’occultiste Steiner, fondateur de l’anthroposophie, selon lesquelles le monde est mû par des forces spirituelles. La biodynamie, qui se veut proche de la nature et respecter la nature (impose une limitation plus stricte des intrants issus de l’agriculture biologique), invoque aussi l’influence d’énergies supposées cosmotelluriques ou la prescription de traitements farfelus aux origines intérieures (la “clairvoyance” du fondateur) . Dans un précédent article sur la biodynamie, VérifierActualités a causé la concoction “500”. Celle-ci consiste à déposer de la bouse de vache sur une corne, à l’enfouir pendant tout un hiver, puis à “activer” ce compost (selon un procédé similaire à celui revendiqué par l’homéopathie) avant de le pulvériser sur les cultures. L’anthropologue Christelle Pineau, dans son livre La corne de vache et le microscope (2019), listent d’autres pratiques qui ne figurent pas dans les obligations du cahier des charges du label biodynamie, comme l’insertion de fleurs dans la vessie d’un cerf, ou de pissenlit dans le mésentère d’un bovin. Les différentes danses sont également censées promouvoir la qualité des récoltes… Le degré d’adhésion des agriculteurs biodynamiques aux préceptes de Steiner semble très variable, allant de “Ceux qui l’appliquent à une version ‘païenne’ et ceux qui associent à cet objet une forme de spiritualité, voire de religiosité”, comme le souligne Pineau. Jusqu’à présent, l’intérêt agricole des pratiques biodynamiques, comparées à celles de l’agriculture biologique, n’a pas été documenté. Pour ses détracteurs, la source intérieure de la biodynamie est insuffisamment mise en avant par ses tenants (pour des raisons stratégiques) et par les médias et politiques (par ignorance). Certains y voient notamment l’un des chevaux de Troie du mouvement anthroposophique. Et rappelons que parmi les “vérités” découvertes par la clairvoyance du fondateur, des positions farfelues sur l’astronomie (la Terre est un crâne, Mars une planète liquide) côtoient des discours sur la hiérarchie des races (et la réincarnation vers des races supérieures sur le base du mérite) par des approches pédagogiques controversées ou des théories médicales à la fois infondées et dangereuses (lien entre maladies et vies antérieures, opposition à la vaccination, etc.). Dans son dernier rapport, publié début novembre, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) “[s’attarde] dans deux des ramifications du mouvement anthroposophique” probable “[d’]conduire à de graves abus parmi les populations vulnérables » – éducation et médecine – et comptait 31 références liées à l’anthroposophie en 2021.