Publié à 7h16         

Les deux premiers ministres ont pu échanger une vingtaine de minutes en marge du Sommet de la Francophonie samedi. Au menu : la loi québécoise 96 pour protéger les Français, notamment le déclin des Français à Montréal, et les transferts fédéraux en santé, deux dossiers où les deux hommes ne sont pas sur la même page. Le contenu des échanges n’a pas encore été dévoilé, le média n’ayant pas accès au site principal de l’événement. De plus, le Synode se tient sous haute surveillance policière. Québec et Ottawa doivent rencontrer la presse séparément plus tard samedi. François Legault a quant à lui posté un tweet à la fin de l’entrevue. Une deuxième réunion est prévue en décembre. Après avoir milité avec la France pour obtenir à nouveau le report de cette grande messe francophone, le premier ministre canadien est finalement arrivé samedi sur l’île tunisienne de Djerba. A l’ouverture de l’événement international, le président tunisien Kaïs Saïed y est allé à la pelle vers les pays qui voulaient déplacer le Sommet dont la dernière édition remonte à 2018. “Comme chacun le sait, il a été question de temps difficiles, pour de multiples raisons, pour organiser ce sommet à distance, par visioconférence”, a déclaré le président Saïed avant d’ajouter : “Vous voyez encore, pour certains, l’annuler pour l’organiser ailleurs, mais sans hésitation nous finirons, avec le soutien de nos amis, par gagner », a poursuivi M. Saïed devant un parterre d’officiels. Le Sommet de la Francophonie, qui se tient tous les deux ans, a été reporté d’abord à 2020 en raison de la pandémie puis à 2021 en raison de la crise politique provoquée par le geste de M. Saïed de s’emparer de tous les pouvoirs législatifs au motif que le pays elle était ingouvernable. Il a également été décidé de tenir le Sommet en dehors de la capitale. La Presse avait révélé que M. Trudeau avait plaidé pour un autre report en 2022 en raison de la situation politique qui demeure préoccupante selon Ottawa. Le gouvernement Legault a également hésité à s’y joindre, mais a dit vouloir « donner une chance à la démocratie ». Des élections démocratiques ont lieu en Tunisie le 17 décembre. Justin Trudeau envisage également de soulever la question des droits de l’homme et de la protection de la démocratie avec le gouvernement tunisien, mais aucune rencontre bilatérale avec le président Saïd n’est prévue, comme indiqué. Selon une source proche du gouvernement fédéral, Ottawa veut “maintenir sa relation” avec la Tunisie, mais ne veut pas “renforcer” ni “donner une fenêtre significative” au régime de M. Saïd à quelques semaines des élections dans le pays. Justin Trudeau, quant à lui, participera aux séances plénières où le président tunisien sera également présent. Comme précisé, il pourrait y avoir des compromis en marge de ces activités. Au lieu de cela, François Legault le rencontrera avec le leader tunisien en fin de journée samedi. Le Premier ministre a indiqué vendredi que cette rencontre s’est tenue à la demande de M. Saïed, en tant que pays hôte du Sommet. M. Legault a expliqué qu’il n’y a pas de “stratégie conjointe” avec Ottawa sur cette question, alors que le Québec détient le titre de “gouvernement à part entière” francophone. “Nous n’allons pas nous impliquer [de la politique tunisienne]mais nous continuerons d’affirmer que la démocratie et les droits de la personne sont importants pour nous », a déclaré M. Legault. François Legault a des comptes à rendre avec les médias au bout du compte. Du côté fédéral, la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, s’adressera à la presse.

Rencontre Trudeau-Legault

PHOTO SEAN KILPATRIC, LA PRESSE CANADIENNE Le premier ministre du Québec François Legault et le premier ministre canadien Justin Trudeau Le Sommet a permis à Justin Trudeau et François Legault de tenir leur première rencontre bilatérale depuis le retour au pouvoir du gouvernement Legault avec une forte majorité. Un bras de fer entre Québec et Ottawa se dessine déjà sur l’immigration et la question des transferts fédéraux en santé. Québec demande plus de pouvoirs en matière d’immigration, ce qu’Ottawa refuse. François Legault a dit vendredi qu’il avait aussi l’intention de faire la part des choses, notamment avec M. Trudeau, sur sa réforme 101 (projet de loi 96) et ses politiques d’immigration. M. Legault estime que les “médias étrangers” ont “mal interprété” ses objectifs. « Je veux que M. Trudeau comprenne qu’avec 48 % de francophones sur l’île de Montréal, la situation est alarmante. Nous devrons travailler ensemble », a déclaré vendredi M. Legault, faisant référence aux dernières conclusions du Bureau québécois de la langue française. Le premier ministre tient à réitérer l’importance d’augmenter les transferts fédéraux en santé, une demande unanime des provinces canadiennes. Les provinces veulent que les transferts fédéraux en santé passent de 22 % à 35 %. Ottawa a dit qu’il était ouvert la semaine dernière mais veut imposer des conditions, ce que Québec rejette. M. Legault participe samedi à une série d’activités du Sommet de la Francophonie, dont l’accès est fermé aux médias. Il doit intervenir lors d’une séance plénière à huis clos sur “Le numérique, outil prioritaire de la francophonie” et rencontrer le président de la Conférence suisse, Ignazio Cassis. Les échanges se poursuivent pour la rencontre bilatérale de M. Lego avec le président Emmanuel Macron.