Posté à 15h00
Collaboration spéciale Julie Roy
L’enquête de 2021 auprès des exploitants de plus de 20 mines actives et de neuf projets miniers a révélé que vers 2034, l’industrie estime qu’elle atteindra le seuil de 50 % de mines hybrides ou électriques dans la province. Ce sont surtout les projets miniers qui verront le jour dans les années à venir qui devancent la courbe de cette transition. La nouvelle mine Odyssey du Canadian Malartic Partnership est aussi celle qui lance le bal avec plusieurs équipements, dont son tout nouveau verrou électrique. « Ce que nous constatons, c’est qu’il est plus facile pour une mine souterraine de faire la transition parce que l’équipement est plus petit et qu’il y a plus d’approvisionnement auprès des fabricants d’équipement. Les mines en activité ne sont souvent pas conçues pour cela et les fosses à ciel ouvert nécessitent de très grosses machines et l’alimentation en électricité n’est pas là », observe Nicholas Théroux, innovation et recherche à l’INMQ qui a mené la recherche. Si l’industrie veut amorcer ce changement, c’est parce qu’elle y voit de nombreux avantages. En plus de réduire les émissions de gaz à effet de serre, les véhicules hybrides et électriques offrent une meilleure protection aux travailleurs car ils n’émettent pas de gaz d’échappement. Ils sont également moins bruyants, améliorant ainsi la santé auditive des mineurs. Nicholas Théroux souligne également que l’utilisation de ce type de machine va de pair avec une réduction des coûts d’exploitation.
La formation, un grand défi
Cependant, il est très peu probable que la révolution électrique aille au-delà du 49e parallèle pour une raison très simple : l’hydroélectricité n’y va pas, et l’électricité y est produite grâce au diesel. “D’un point de vue environnemental, il n’y aura pas de profits dans ces cas-là”, explique le consultant en innovation. Un autre défi est la formation d’ingénieurs qualifiés. D’ici 2030, 46 % des mines et des projets miniers interrogés estiment qu’ils auront besoin d’ingénieurs ayant une formation spécifique pour travailler sur ces nouvelles machines. Ces personnes doivent être bien informées sur la sécurité, elles doivent connaître les circuits et les symboles, sans parler du sujet du câblage haute tension. Nicholas Théroux, conseiller en innovation et recherche à l’Institut National des Mines du Québec
Offrir une formation
En préventif dans ce dossier, le Centre de formation professionnelle de la Baie-James (CFP Baie-James) prépare déjà un nouveau certificat d’études professionnelles en génie des machines de fabrication hybrides et électriques. « Il n’y a pas de centre pour le moment qui offre ce genre de formation et ce sont les électriciens qui doivent s’occuper de la maintenance. Habituellement, nous créons ce genre de projet après avoir observé les besoins. Cette fois, c’est l’inverse, on voit venir les besoins et on agit immédiatement. Il faut limiter le nombre de travailleurs, surtout en cas de pénurie de main-d’œuvre », explique Sonia Caron, directrice du CFP Baie-James. La réalisatrice espère accueillir sa première équipe l’année prochaine. La formation s’adressera à des ingénieurs expérimentés et pourra évoluer au sein même des entreprises. Le cours ne se limitera pas au secteur minier mais couvrira également la foresterie et les chantiers de construction. « Vous avez besoin de solides connaissances de base pour jouer avec des machines comme celle-ci. Ce sont des bombes à haute tension. Nous comprenons également la réalité sur le terrain de l’entreprise. On ne peut pas leur demander de quitter leurs employés pour une formation qui pourrait durer entre 500 et 720 heures. De plus, des gens des industries nous attendent déjà. Il faut se déplacer à grande vitesse”, explique le réalisateur.